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Glossaire

Agrégats : Ce terme désigne les 5 composants de l'individu, en première approximation le corps et l'esprit. On parle d'agrégat de la forme, équivalent à la forme physique c'est-à-dire au corps. Les quatre autres recouvrent principalement les aspects mentaux :
- l'agrégat de la sensation correspond aux sensations physiques et mentales de bonheur et de souffrance que nous expérimentons à chaque instant en dépendance de nos karmas
- l'agrégat de l'identification nous permet de distinguer, de dénommer les objets
- l'agrégat des formations volitionnelles, lesquelles recouvrent des composantes mentales variées (telles que divers aspects de nos états d'esprit) ainsi que des composantes non mentales, telles que les empreintes (ou potentialités)
- l'agrégat de la conscience désigne la composante principale de l'esprit, s'appliquant aux consciences sensorielles comme la conscience mentale.

Arhat : «  celui qui a vaincu l’ennemi », c'est-à-dire qui a complètement éliminé les klesha ou facteurs perturbateurs de l'esprit.

Arya : nom donné à celui qui a obtenu la compréhension directe du non soi, c’est-à-dire de l’absence d’existence propre. Par conséquent, il est libéré du cycle des existences. Il lui reste à parcourir les différentes étapes de la voie jusqu'à l'état d'arhat.

Atisha (982-1054) : Pandit indien qui joua un rôle essentiel dans la seconde diffusion du bouddhisme au Tibet. Il est, entre autres, l’auteur de La Lumière de la voie, premier lamrim à l’origine de tous les autres. Son principal disciple tibétain fut Dromteunpa, fondateur de l’école kadampa.

Bodhicitta : esprit d’éveil, se définit comme l’aspiration spontanée à l’état de bouddha pour accomplir le bien de tous les êtres. C’est la qualité essentielle du mahayana.

Bodhisattava : être qui a réalisé bodhicitta, l’esprit d’éveil, c’est-à-dire que jaillit en lui naturellement et constamment cette pensée : « Afin de pouvoir moi-même réaliser le bien de tous les êtres, je prends la ferme résolution de devenir un bouddha ».

Bouddha : Sang gyè en tibétain. Sang signifie « éveillé » (du sommeil de l’ignorance), et gyè donne l’idée de « développé », « vaste ».
Le mot bouddha désigne donc l’état de perfection. Celui-ci correspond à l’élimination totale de tous les défauts et obstacles, et à l’épanouissement de toutes les qualités (sagesse, amour, etc.), et ce dans l’intention de porter secours à tous les êtres. Ceux qui ont obtenu cet état sont appelés Aryabouddha ou Bouddha par abréviation.
Pour devenir Bouddha, il faut parcourir la voie du grand véhicule qui commence par la réalisation en soi de l’esprit d’éveil. Ensuite, il faut réunir les deux accumulations (mérites et sagesse) qui, parachevées, « produisent » l'état de Bouddha sous ses deux aspects : Dharmakaya et Roupakaya. De l’accumulation de sagesse (compréhension de la vacuité) résulte le Corps de la loi (Dharmakaya) : l’esprit omniscient et sa vacuité ; de l’accumulation de mérites (amour, compassion, générosité, patience, etc.), procède le Corps formel (Roupakaya), c’est-à-dire la forme physique qui est revêtue. Le Bouddha est l’un des Trois Joyaux que les bouddhistes vénèrent et en lesquels ils cherchent protection : il est un refuge en ce qu’il montre la voie à parcourir pour arriver au plein épanouissement. Les Bouddhas aident les êtres principalement en les conseillant, en leur donnant des enseignements, mais aussi de manière plus concrète selon les cas.
Synonymes et épithètes : Bhagavat, Tathagata, Vainqueur, Victorieux.

Calme mental : état de parfaite concentration, caractérisé par la totale souplesse physique et mentale.

Concentration : vis-à-vis de phénomènes analysés, c’est la «focalisation » de l’esprit.

Cycle des existences : voir samsara

Déité : avec majuscule, ce mot désigne les êtres qui ont réalisé l’état de bouddha. Avec minuscule, il désigne les deva, les êtres qui n’ont pas encore réalisé la libération du cycle des existences, mais qui ont obtenu le bonheur temporaire d’une renaissance favorable.

Dharma : Dharma signifie littéralement "tenir". Selon le Maître indien Vasoubandhou, dans le Vyakhyayukti, ce terme a dix significations : connaissable (phénomène, tout ce qui existe) ; voie ; nirvana ; objet de perception ; mérite ; vie ; enseignements (des Bouddhas) ; ce qui adviendra ; certitude ; coutume. Dans nos textes, Dharma devra être compris en tant qu’Enseignement du Bouddha sous ses deux aspects de la doctrine et des réalisations. Le Dharma est l’un des Trois Joyaux. Il est même LE REFUGE, puisque c’est lui qui permet de se libérer du cycle des existences (samsara).

Douze actes du Bouddha (12 étapes marquantes de la vie du Bouddha) :

< 1- départ de la terre pure de Toushita ;
2- entrée dans la matrice de sa mère ;
< 3- naissance au parc de Lumbini ;
4- éducation dans les soixante-quatre habiletés artistiques et sportives ;
5- vie heureuse au palais entouré de la reine et de sa suite ;
< 6- départ du palais, renoncement au monde et ordination complète ;
7- vie ascétique durant six années au bord de la rivière Nairanjara ;
8- arrivée et séjour sous l’arbre de la bodhi à Bodhgaya ;
< 9- victoire sur l’armée des mara ;
10- obtention du parfait éveil ;
< 11- mise en branle de la Roue de la loi ;
< 12- parinirvâna à Koushinagara.

Douze liens interdépendants : ce sont les facteurs qui illustrent la loi de causalité et déterminent nos morts et naissances continuelles dans le cycle des existences. Ils s’énoncent en général dans l’ordre suivant :

  1. l’ignorance initiale ;
  2. le karma (introducteur à une renaissance) ;
  3. la conscience ;
  4. le nom et la forme ;
  5. les bases de connaissances (les six facultés sensorielles et mentale) ;
  6. le contact ;
  7. la sensation ;
  8. la soif ;
  9. l’avidité, la saisie ;
  10. le devenir (karma à maturité, sur le point de produire son résultat) ;
  11. la naissance ;
  12. la vieillesse et la mort.

Esprit : synonyme de "perception", c’est un phénomène non matériel ("clair", tib. gsal) et capable de refléter les objets de perception ("connaissant", tib. rig pa). Il est instantané et soumis à destruction d’instant en instant dans une continuité causale (chaque instant de perception étant le résultat du précédent) ; c’est pourquoi, envisagé dans une perspective temporelle, on parle de ‘continuum mental’ de l’individu. Le bouddhisme réfute l'idée d'un d'une personne, d'une âme, d'un moi, qui serait unitaire, inchangeant et autonome, c'est-à-dire se produisant tel qu'il nous apparaît d'ordinaire, indépendamment de toute cause et condition.

Esprit d’Eveil : voir bodhicitta

Ethique des bodhisattvas : elle présente trois aspects : l’éthique consistant à s’abstenir des activités négatives, l’éthique consistant à accumuler les vertus, l’éthique consistant à faire le bien d’autrui.

Eveil : ce terme désigne d’abord la libération du samsara. Le grand Eveil, ou Eveil suprême, équivaut à l’état de bouddha.

Grand véhicule ou mahayana : voie et qualités de la voie menant à l’état de bouddha afin d’accomplir le bien de tous les êtres.

Guélougpa : signifie « celui qui suit la tradition vertueuse ». En raison de leur stricte observance de la règle monastique, c’est le nom que l’on donne aux membres de l’école guéloug, fondée par le Maître Djé Tsongkhapa (1357-1419).

Guéshé : titre donné à un docteur en philosophie ou forme d'adresse respectueuse pour un religieux.

Karma : Le karma est d’abord un facteur mental omniprésent, la volition, dont le rôle est de permettre à l’esprit de se diriger vers tout objet. Toute pensée, même la plus fugitive et la plus inconsciente, comporte donc un karma. Et tout karma laisse une trace sur l’esprit : une empreinte karmique, autrement dit une potentialité qui a le pouvoir de produire un résultat quand les conditions sont réunies. Les « bons » karma donnent des résultats agréables ; les « mauvais », karma des résultats désagréables ; les karma neutres, des résultats neutres.
Ceci n’est qu’un aperçu des karma qui possèdent maints autres aspects. C'est sans doute la notion la plus importante et la plus difficile du bouddhisme.

Klesha : facteur perturbateur de l’esprit. Un klesha est un facteur mental qui, lorsqu’il se manifeste en quelqu’un, détruit sa paix intérieure et ce qu’il y a en lui de positif, créant ainsi un déséquilibre. Le pandit indien Asanga énumère vingt-six klesha (par exemple, attachement, ignorance, jalousie, paresse, suffisance, etc).

Lamrim, ou voie progressive menant à l’Eveil complet d’un Bouddha : exposé qui a la particularité de réunir l’essence de toutes les paroles du Bouddha et de les présenter dans l’ordre où il convient de les appliquer pour obtenir le but recherché, l’état de bouddha.

Lignée de la vaste conduite : elle met l’accent sur la « méthode », autrement dit sur les qualités autres que la sagesse, principalement la compassion, l’amour et l’esprit d’Eveil. Issue du Bouddha Shakyamouni, elle a été transmise par Maitreya, Asanga, Vasoubandhou, etc, et ce jusqu’à nous.

Lignée de la vue profonde : elle concerne la sagesse, tout particulièrement la sagesse comprenant le non soi, ou encore la vacuité. Issue du Bouddha Shakyamouni, elle a été transmise par Manjoushri, Nagarjouna, Candrakirti, etc., et ce jusqu’à nos jours.

Mandala : première acception : l’univers et toutes ses richesses. Deuxième acception : l’environnement (résidence, entourage) d’une Déité tantrique.

Méditation : méditer signifie habituer, accoutumer son esprit à un objet mental. La méditation présente deux aspects : concentration et méditation analytique. Ces deux aspects sont complémentaires et indispensables pour donner force, stabilité et profondeur à toute perception.

Nihilisme et éternalisme : vues philosophiques qui conçoivent le moi soit comme devant disparaître définitivement à la fin de cette vie, soit comme éternel et inchangeant.

Nirvana : sens le plus courant : libération du samsara. C’est un état au-delà de toute souffrance atteint grâce à l’élimination de l’ignorance et des autres klesha qui en dérivent.

Non-soi : absence d’existence intrinsèque des individus et des phénomènes.

Parinirvana : pour un être éveillé, ce terme désigne le fait de quitter son corps au moment de la mort.

Pratimokshayana : voie et qualités de la voie menant à la libération personnelle du cycle des existences et à l'élimination complète du voile des facteurs perturbateurs.

Prière en sept branches : condense toutes les pratiques essentielles de purification et d’accumulations : hommages, offrandes, confession, requête de l’enseignement, requête pour que les Bouddhas ne passent pas en nirvana, dédicace des mérites.

Quatre Nobles Vérités : La Roue des Quatre Nobles Vérités est le premier soutra à avoir été prononcé par le Bouddha Shakyamouni, quarante-neuf jours après son Eveil à Varanasi. Ce soutra est composé des trois strophes de quatre vers chacune. La première nomme les Quatre Nobles Vérités : « Oh, Bikshou ! Ceci est la Noble Vérité de la souffrance, Ceci est la Noble Vérités de l’origine (de la souffrance), Ceci est la Noble Vérité de la cessation (de la souffrance), Ceci est la Noble Vérité du chemin (qui permet la cessation de la souffrance). »

Réincarnation : principe bouddhiste stipulant que toute vie est précédée de vies antérieures et suivie de vies ultérieures.

Renoncement au samsara : état d'esprit suscité par la prise de conscience que le cycle des existences est foncièrement de la nature de la souffrance, les bonheurs ordinaires y compris, car ils sont éphémères et décevants.

Rimpotché : « précieux ». Titre honorifique donné en général à un lama considéré comme l’émanation ou la réincarnation d’un grand Maître ou d’un Bouddha, dont il continue l’œuvre afin d’aider les êtres à se libérer de la souffrance.

Samsara : cycles des existences conditionnées, et par définition exposées à la souffrance. Samsara n’est pas un lieu géographique mais un mode d’être. Il peut être défini de deux manières :
- les cinq agrégats souillés (par les klesha) constituant les êtres autres qu’arhat et Bouddha ; agrégats souillés de la forme, de la sensation, de l’identification, des formations, de la conscience.
- le fait de naître et mourir continuellement, sans liberté, car soumis à l’emprise des karma et surtout des klesha, principalement celui de l’ignorance.

Sangha : au sens ultime, tout arya est Sangha. Le Joyau du Sangha fait référence à ce sens ultime. Son rôle est de servir de modèle aux êtres qui s’engagent dans la pratique.
Est Sangha tout être ayant atteint le chemin de la vision, c’est-à-dire ayant obtenu la compréhension directe du non-soi, ou encore de la vacuité. Au sens conventionnel, le sangha existe dès que sont réunis quatre moines ayant reçu l’ordination majeure.

Shravaka ou auditeur : appartenant au hinayana, ce pratiquant est engagé sur la première des deux voies de ce véhicule, la seconde étant celle des pratyékabouddhas ou voie des bouddhas solitaires.

Six paramita ou perfections : Les six perfections sont les qualités de la générosité, de l’éthique, de la patience, de l’enthousiasme, de la concentration et de la sagesse, réalisées en l’esprit d’un bodhisattva. Ainsi que l’a enseigné le Maître Atisha, elles sont incluses dans les trois éthiques des bodhisattvas.

Soutra et tantra : enseignements du Bouddha. Les soutra exposent les méthodes générales de méditation qui permettent de développer des qualités tels que le renoncement, l’esprit d’éveil ou la vue correcte à propos de la vacuité. Les tantra proposent des méthodes spécifiques associées à l'esprit d'éveil, qui consistent à méditer en concrétisant la compréhension de la vacuité sous la forme d’une Déité et de sa résidence.

Stoupa : monument funéraire qui contient soit des reliques du Bouddha ou de grands Maîtres spirituels, soit des images ou des textes religieux. Souvent miniaturisé pour être disposé sur un autel, il symbolise l’éveil ou l’esprit du Bouddha.

Tripitaka ou Trois Corbeilles : Collection des enseignements du Bouddha classés par thème. Le Vinayapitaka expose l’éthique et les règles monastiques, le Soutrapitaka la concentration, et l’Abhidharmapitaka la métaphysique.

Trois instructions supérieures : instruction supérieure de l’éthique, instruction supérieure de la concentration, instruction supérieure de la sagesse.

Trois Joyaux : Bouddha, Dharma, Sangha, en lesquels les bouddhistes placent leur confiance et prennent refuge.

Trois mondes : le cycle des existences comporte trois niveaux plus ou moins subtils : - le monde du désir, dans lequel vivent les humains ; - le monde de la forme ; - le monde du sans forme.

Trois poisons de l’esprit : attachement, aversion, ignorance. Ils sont à l’opposé de ce qu’on appelle les trois racines vertueuses. L’attachement est le fait de s’attacher aux agrégats des trois mondes. Sa fonction est de générer les souffrances. L’aversion est hostilité envers les êtres non bouddha, la souffrance ou les phénomènes causes de la souffrance. Sa fonction est d’empêcher de se sentir heureux et de fournir un support aux mauvaises conduites. L’ignorance est méconnaissance des trois mondes. Sa fonction et de procurer un support aux certitudes fausses à propos des phénomènes, aux doutes et aux facteurs perturbateurs.

Trois racines vertueuses : le non-attachement, la non-aversion et la non-ignorance sont le fondement de tout ce qui est vertueux, les moyens qui mettent un terme à toutes les mauvaises conduites ; elles sont considérées comme le cœur de toute la voie. Le non-attachement est une absence d’attachement vis-à-vis du samsara et des jouissances du samsara. C’est le remède à l’attachement, à l’avarice, à la suffisance, à la dispersion et à la distraction. La non-aversion est une absence d’agressivité vis-à-vis des êtres imparfaits, des souffrances et des existants liés à la souffrance. La non-ignorance est connaissance et discernement.

Trois Roues du Dharma : elles correspondent à un classement chronologique des enseignements du Bouddha.

Trois types de pratiquants : les pratiquants peuvent éprouver trois motivations différentes : inférieure, moyenne, supérieure. Les premiers aspirent à des renaissances favorables dans le samsara ; les deuxièmes recherchent la libération individuelle du samsara ; les derniers visent l’Eveil complet d’un Bouddha.

Vacuité : nature ultime de tout phénomène. La vacuité est un « vide », une absence d’existence indépendante, ou absolue. Exemple : une table possède deux natures : une nature conventionnelle dans la mesure où elle existe indéniablement et assure une fonction ; une nature ultime du fait qu’elle n’existe pas de par elle-même, indépendamment de ses composantes, de la perception qu’on en a, ou encore du nom qui lui est attribué.

Vertueux : dans le bouddhisme on définit comme vertueuse toute activité qui engendre un résultat de bonheur.

Voie (voie spirituelle) : ensemble de qualités et connaissances, fondé sur le renoncement au samsara, et qui culmine en l’Eveil.

Voie du milieu : voie médiane entre nihilisme et éternalisme.

Vue supérieure : niveau de méditation analytique supérieur atteint à la suite du calme mental

Yogi : être qui se consacre principalement à la méditation, et en obtient des états de concentration supérieure.

Sources :

- Asanga : Abhidharma samouccaya
- Atisha : La Lumière de la voie vers l’Eveil et autres textes - Editions Guépèle 2008 - Glossaire
- Dagpo Lama Rimpoché : Commentaire de la Guirlande des êtres fortunés - Editions Guépèle 2000
- Dagpo Lama Rimpoché : Commentaire sur les bases du bouddhisme 2002
- Kyapdjé Ling Rimpoché : commentaire de l’Ode aux Réalisations de Djé Tsongkhapa – Editions - Glossaire